Historienne de l’art de formation, Florence Grivel entraîne le lecteur dans une quête initiatique surréaliste. L’auteure s’accroche aux œuvres d’art enfermées dans les musées pour mieux s’échapper dans les collines toscanes ou plonger dans la grande bleue.
On divague, à droite, à gauche, au nord, au sud. Zigzagant de la Toscane à l’Amérique en passant par Lausanne. Jonglant entre le français, l’anglais (l’Académie Française serait excédée par tant d’anglicismes) et l’italien. «Sfumato»! Ou «enfumé», en français, est une «fameuse technique qui crée l’impression que ça n’est pas une ligne qui définit les figures, mais plutôt une empreinte arrivée de manière naturelle sur la toile», nous apprend Florence Grivel. Et enfumés, déboussolés, il faut bien dire que c’est ce que nous sommes lorsque nous lisons ce livre dont on aurait peine à définir le genre. S’agirait-il d’un récit de voyage dont les étapes seraient des «sémin-éclairs» académiques autour de l’art? Nous apprenons ainsi que la Pietà de Michel-Ange est le produit d’un seul bloc, que La Joconde reçoit la visite de 20’000 personnes par jour ou encore que David Hockney ne peut se passer de la nature.
Mais l’intérêt de ce récit initiatique ne se situe pas tant dans le thème que dans les états d’âme de son auteure. C’est avec les yeux enjoués de l’historienne de l’art que nous parcourons ces tableaux, non sans digressions personnelles sur le vinaigre balsamique ou la conduite autoroutière. Car en réalité, ce n’est pas La Joconde qui constitue le motif du récit mais bien la réaffirmation de soi dans une période morose – la crise sanitaire – où «les amis cimaises restent muets». Sfumato est le manifeste d’une artiste vagabonde aux penchants ouvertement snob et bobo. Et alors? L’air du temps n’est-il pas celui du consumérisme éphémère instagramisé de bons plats et de voyages culturels?