L’enfance damnée

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Couverture de l'ouvrage Dans l'attente d'un autre ciel

La plume incisive et intimiste de Damien Murith nous force à respirer l’air étouffant que dégage l’appartement insalubre dans lequel grandit Leo, à partager au plus près le manque d’amour, l’angoisse et la solitude qui se collent à la peau et nouent le ventre.

Dans l’attente d’un autre ciel laisse un arrière-goût amer. Les sens s’activent et se stimulent au contact de ses pages, sur lesquelles se dépose le décor insalubre d’une tour en béton aux murs lisses de l’extérieur, mais escarpés et sinueux à l’intérieur; des murs entre lesquels se tord, se moud, s’étouffe et se meurt une enfance ensevelie sous les ordure, les excréments de chat, la crasse et la pouillerie. L’enfant Leo se tient debout face à ces murs, il lisse compulsivement et obsessionnellement sa ceinture et le col de sa chemise comme pour se forger une armure, muraille derrière laquelle il s’époumone dans son manque d’amour, sa solitude et son désarroi face à une mère apathique traumatisée par son divorce, qui s’engouffre de plus en plus dans une profonde dépression. Leo trouve du réconfort dans le pelage de son chat ainsi que dans sa passion pour le basketball. Il s’accoude à sa fenêtre en observant le ciel, Dans l’​​​​​​​attente d’un autre ciel où armure et béton se brisent pour laisser place à la verdure des champs fleuris, un ciel où tout s’harmonise et s’orchestre comme dans une mélodie d’espoir. Sa tour en béton, Damien Murith la construit au moyen de petits textes sémantiquement indépendants, mais qui forment des unités de sens complètes, tout comme les pierre qui font l’édifice.

Source:
Manel Dridi, Magazine LivreSuisse n°2