Comédien, chroniqueur, producteur et humoriste à succès, le vaudois Vincent Kucholl est aussi un homme du livre. Auteur de plusieurs ouvrages, notamment sur les institutions politiques suisses, il dirige la collection «Comprendre» aux éditions Loisirs et pédagogie.
«L'Étranger» d’Albert Camus
Le premier vrai roman que j’ai lu jusqu’au bout, c’était au collège. Et le premier que j’ai relu, quelques années plus tard, sans y être contraint. Ma rencontre avec l’absurde en littérature. Une vraie baffe que de se prendre de passion pour la descente aux enfers d’un anti-héros.
«Europeana» de Patrick Ourednik
Cette brève histoire du XXe siècle, qui prend la forme d’un inventaire foutraque de faits empruntés tant à la petite qu’à la grande Histoire – présentés sans réel ordre thématique ni chronologique – et qui mélange des aspects politiques, sociologiques, économiques, scientifiques ou anecdotiques, recèle une causticité qui rend sa lecture jubilatoire.
«Gags» de Mix & Remix
Ce recueil d’une bonne centaine de strips en quatre cases est de la plume du meilleur dessinateur de presse du monde. Sauf qu’ici, il ne croque pas l’actualité mais la banalité de la vie quotidienne. Une lecture qui peut s’avérer bruyante – à cause des rires qu’elle suscite – et qui témoigne de l’humour intemporel, universel et éternel du regretté Mix.
«Le vampire de Ropraz» de Jacques Chessex
Un fait divers sordide qui a secoué le canton de Vaud au début du XXe siècle et qui est documenté par un Chessex au sommet de son art. On navigue entre le western glauque, l’enquête policière, la chronique locale et l’histoire de serial killer à la sauce charnelle. Il y aurait de quoi en faire un film.
«L’ordre du jour» d’Éric Vuillard
Un livre que j’ai lu d’une traite, avec un plaisir immodéré. Un récit historique, fondé sur une documentation qu’on imagine colossale – mais qui est ramassé sur 150 pages animées par une plume diablement élégante et pleine de verve –, qui nous narre les coulisses cyniques de l’Histoire.
«Vernon Subutex» de Virginie Despentes
C’est ma lecture du moment: j’ai dévoré deux tomes sur trois et je prends mon temps pour terminer le dernier, avec une gourmandise maîtrisée. Un style formidable, des personnages cabossés, un univers trash, une vision un peu désabusée et pessimiste, mais emprise de beaucoup de tendresse et d’humanisme.