Joël Dicker: les livres de sa vie

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Portrait de Joël Dicker
©Anoush Abrar

Écrivain à succès, éditeur avec le lancement de sa maison Rosie & Wolfe (R&W), le genevois Joël Dicker est aussi un grand lecteur. Il nous présente les livres qui l’ont construit.

Pour ce que ce livre raconte du sens de la vie, pour ce qu’il évoque en nous-même. C’est un livre dont le lecteur ne sort pas indemne. C’est également une magnifique rencontre avec Romain Gary lui-même, dont l’existence est digne d’un roman. Pilote de guerre, diplomate, écrivain. Lauréat deux fois du prix Goncourt. Pour moi, Romain Gary est l’un des auteurs majeurs du XXe siècle.

J’ai lu ce roman à l’âge de vingt ans et j’ai été pris d’une émotion que je n’ai plus jamais retrouvée depuis. En refermant ce livre, mon cœur frappait fort dans ma poitrine: j’ai été tellement marqué par ce sentiment de lecture que j’ai eu envie, moi-aussi, et à ma modeste mesure, de me mettre à écrire des romans.

Parce qu’on rit de la première à la dernière page. A mes yeux, faire rire le lecteur est l’une des plus grandes qualités d’un livre. Et c’est très rare. Car il est facile de faire pleurer les lecteurs, par contre, les faire rire est un exercice tellement plus difficile. Dans Les Valeureux, Albert Cohen dépeint un monde de tendresse et de rire peuplé de personnages qui ne se résignent jamais.

Tous ses livres sont drôles et jubilatoires mais il y en a un que j’aime tout particulièrement: La potion magique de George Bouillon. C’est à la fois et une fable et très amusant, avec cette qualité propre à Roald Dahl: ses histoires plairont aux jeunes et aux moins jeunes. Un dimanche pluvieux, lancez-vous dans une lecture à haute-voix de La Potion magique de George Bouillon et vous aurez immédiatement l’intérêt des enfants, des grands-parents, de tous! Et l’histoire terminée, ils vous en demanderont une autre. C’est l’effet Roald Dahl et c’est merveilleux.

Philippe Roth est mon auteur de prédilection, parce qu'il évoque une certaine image de l’Amérique qui correspond à celle que j’avais de mes séjours, enfant, sur la côte Est, dans un univers très proche de ce qui fait la trame de ses romans. La lecture de Philip Roth a donc eu un impact très fort lorsque j’étais plus jeune, car je retrouvais cette Amérique qui me fascinait. Ses textes résonnent encore davantage aujourd’hui en moi car cette Amérique-là n’existe plus vraiment, elle a été effacée par la nouvelle génération.

Source:
Joël Dicker, Magazine LivreSuisse n°3