En préface de ces pages, Mgr Teissier, archevêque d'Alger, écrit qu'elles sont comme " une épiphanie de notre Eglise d'Algérie " ; on ne saurait mieux dire, en effet.Ayant acquis la nationalité algérienne dans le cadre des accords d'Evian, Jean Franchimont a tout connu de l'Algérie contemporaine : ses luttes pour l'indépendance, les enthousiasmes qui ont suivi, et toutes les violences que l'on sait depuis environ dix ans. Prêtre, il a vécu la situation d'une Eglise qui n'a pas de chrétiens, ou si peu. Une Eglise pour un peuple musulman. Educateur né, il s'est mis au service des jeunes les plus défavorisés dans la casbah d'Alger.Quand cette école a été nationalisée, il est devenu enseignant dans une de ces régions éloignées d'où provenaient ceux avec lesquels il avait travaillé à Alger. Quinze années durant, il s'est établi dans ces lieux à l'écart, à des heures de marche de toute route praticable. Et là, il a enseigné à des jeunes et des adultes analphabètes, créé de multiples écoles, noué de grandes amitiés et rêvé de finir ses jours parmi des populations à l'abandon.Les événements de ces dernières années l'en ont empêché, mais n'ont pas effacé le travail accompli. " Le récit des événements que nous raconte le Père Franchimont, écrit Mgr Teissier, exprime en son sommet la vocation de notre Eglise, envoyée hors frontières ecclésiales pour un partage avec une société musulmane. " Le martyre en moins, on est bien dans l'ordre de ce qui s'est passé à Tibhirine. Il fallait avoir l'Algérie au coeur pour aller au bout de cet itinéraire de prêtre qui nous est ici retracé.