Descriptif
La revue Doc(k)s, dont le premier numéro vit le jour en 1976, a été créée par Julien Blaine. Toujours en activité (elle est aujourd'hui dirigée par le groupe Akenaton - Philippe Castellin et Jean Toregrossa), elle reste à ce jour, en France mais également à l'étranger, l'une des principales revues internationales des poésies d'avant-gardes. Pendant les 13 années où elle fut dirigée par Julien Blaine (de 1976 à 1989), la revue Doc(k)s fit le tour du monde, invitant dans ses pages tout ce que l'espace poétique international comptait de gestes et d'écrits liant témoignage sociétal et recherche formelle, dans une certitude commune - malgré l'extrême diversité des moyens, des techniques et des supports -, qu'il importait avant tout de réinventer la langue afin de réinventer ses propres outils de pensée.Ces poètes indociles avaient également en commun le souci constant de sortir la poésie de son statut de " bibelot esthétique ", en l'extirpant de l'écrin doré du livre, et en réfléchissant à de nouveaux dispositifs visant un impact, une relation directe au monde et au lecteur - poésies visuelles, poésies sonores, poésies performatives, mail art, interventions urbaines, etc.Un autre point est commun a toutes ses interventions : une étude critique des effets cognitifs des langues du pouvoirs, qu'elles soient artistiques, politiques, publicitaires ou scientifiques.Ainsi, les livraisons successives de la revue Doc(k)s ne furent pas simplement l'affirmation de la vivacité créative des poètes de tel ou tel pays, mais également le témoignage, via cette poésie " à vif ", des réalités politiques locales et internationales, et des volontés de résistances " contre ".Si Doc(k)s joua, en France, le rôle de la principale ambassadrice de la poésie action, elle fut également l'un des principaux relais d'un réseau international de l'activisme poétique qui, dans les années 70 et 80, fut à l'origine de nombreux festivals, rencontres, expositions, éditions, etc.Nul doute que Doc(k)s a joué un rôle essentiel pour la diffusion de ces poésies singulières, et qu'elle a grandement participé à leur prise en compte alors mêmes qu'elles étaient presque toujours marginalisées, voire niées. Elle a également largement contribué à ce que ces poésies trouvent leur place - auprès de l'art sociologique, de Fluxus, de l'art performatif, de l'art conceptuel, etc. - dans l'histoire des principales avant-gardes artistiques.Alors même qu'elle est devenue une référence incontournable de l'explosion poétique des années 70 et 80, la revue Doc(k)s est aujourd'hui introuvable. Il nous a donc semblé urgent de travailler à cette anthologie, qui reflète au mieux une énergie, une réflexion et une inventivité qui a influencé une grande partie de la création poétique actuelle et, plus généralement la création artistique, pour que les lecteurs aient enfin accès à ces documents.Cette anthologie se devait d'être dense, foisonnante et riche (plus de 800 pages !), comme l'était chaque livraison de cette revue-pavée (de 350 à750 pages). Comme dit plus haut, cet ouvrage ne concerne que les deux premières séries de Doc(k)s. La 3e série, qui démarre en 1990 et continue actuellement, tout en gardant cette notion d'internationalisme ne développe plus les mêmes enjeux ni les mêmes règles du jeu. Nul doute qu'en son temps, lorsque nous aurons le recul nécessaire, elle devra faire l'objet, elle aussi, d'une autre anthologie.Cet ouvrage termine par une double postface : la première, sous forme de témoignage, de Julien Blaine lui-même ; la seconde est écrite par Sandra Raguenet, historienne des poésies expérimentales et spécialiste des revues de poésie contemporaine, qui nous rappelle la place unique de la revue Doc(k)s dans le paysage poétique et artistique des années 70 et 80.