Les photographies de Stanislas Amand sont inclassables. Ni vraiment document, ni photos de famille, ni plasticiennes ni modernes, sans recherche d'effet, elles sont dans cet entredeux qui questionne à la fois l'image, le sujet et la place de l'opérateur. Cette indétermination fait aussi leur force car elles surprennent, interrogent et séduisent pour peu que l'on suive l'artiste dans sa démarche. Qu'il les collecte, les extraie d'une vidéo ou les réalise lui-même, les images lui parlent, c'est dans leur flux qu'il les reconnaît : instants en suspens, ambiance des couleurs soixante-dix, action poétique et banale, lieux familiers et étranges à la fois. Si ses photographies parlent, Stanislas Amand nous parle aussi des images car il leur réinvente une histoire par l'écriture. Sa correspondance avec sa galeriste imaginaire lui permet d'évoquer la politique de son regard, et très vite on se rend compte qu'il s'agit davantage de vision que de regard. Poser les yeux sur le monde ne suffit pas, il faut « voir ce qui nous parle tout en sachant que les images sont aussi des fictions. Les photographies ne viennent pas de nulle part, elles nous traversent, nous ignorent, nous retiennent ou nous mentent. Par son travail mi-théorique, miautobiographique de prose écrite et visuelle au service d'une poétique du monde des images, Stanislas Amand nous guide ou nous perd, c'est selon.