" Bentham est le complémentaire de Rousseau. Quel est, en effet, le rêve rousseauiste qui a animé bien des révolutionnaires ? Celui d'une société transparente, à la fois visible et lisible en chacune de ses parties ; qu'il n'y ait plus de zones obscures, de zones aménagées par les privilèges, ou encore par le désordre ; que chacun, du point qu'il occupe, puisse voir l'ensemble de la société ; que les coeurs communiquent les uns avec les autres, que les regards ne rencontrent plus d'obstacles. Bentham, c'est à la fois cela et tout le contraire. Il pose le problème de la visibilité, mais c'est en pensant à une visibilité organisée entièrement autour d'un regard dominateur et surveillant. Une universelle visibilité, qui jouerait au profit d'un pouvoir rigoureux et méticuleux. Ainsi, sur le grand thème rousseausiste - qui est en quelque sorte le lyrisme de la Révolution - se branche l'idée technique d'exercice d'un pouvoir " omniregardant ", qui est l'obsession de Bentham. " Michel FoucaultLa version française et condensée du Panoptique est complétée par les vingt-et-une lettres de la version anglaise également publiée en 1791. Un entretien avec Michel Foucault constitue l'introduction tandis que Michelle Perrot signe une postface ainsi qu'une nouvelle introduction à la présente édition.