Descriptif
En 1974, quand il publie Le Démon des glaces, Jacques Tardi approche de la trentaine. Rumeurs sur le Rouergue a paru deux ans plus tôt, et Adieu Brindavoine vient de sortir. Pour ce troisième album, qui lui a demandé plus d'un an de travail, le (déjà) grand Jacques s'est placé sous l'ombre tutélaire de deux illustres parrains, Jules Vernes pour le récit et Gustave Doré pour le dessin: le XIXe siècle a saisi notre artiste et, on le sait, ne le lâchera plus. Hommage ne signifie pas copie servile, et si Le Démon. ne peut manquer d'évoquer Vingt mille lieues sous les mers, l'intention parodique vient sans cesse dynamiter l'esprit de sérieux. Car Tardi aime tout le XIXe, jusques et y compris le style pompier ("Ah !, noble et généreux jeune homme !" s'exclame, par exemple, un personnage). Si l'on vous dit que l'on croise, en vrac et entre autres, dans Le Démon des glaces, des savants fous, un monstre à tentacules, des gens congelés, des sectataires illuminés, un personnage qui répond au prénom de Louis-Ferdinand, etc., etc., ça ne vous rappelle rien ? Tout Tardi est déjà là. Dans sa ligne de mire depuis, et pour toujours : la noirceur du monde et la perversion généralisée de l'humanité.