La remise en cause des grandes idéologies révolutionnaires du passé nous contraint à repenser la question de la transformation radicale de la société. La marchandisation généralisée des relations sociales ne permet plus de concevoir la révolution comme un mouvement extérieur au capitalisme. Comme avaient commencé à le montrer Ivan Illich ou André Gorz, et comme l'expliquent plus récemment Miguel Benasayag, John Holloway et quelques autres, le système capitaliste doit être attaqué de l'intérieur, en lui opposant des « situations ou en investissant ses « brèches afin de créer des espaces collectifs dotés de règles propres.Dans cette lignée, le livre de Michaël Dif se veut avant tout un petit précis pour une révolution « ici et maintenant dans l'ordre économique.L'auteur se penche ainsi sur la possibilité d'expérimenter de nouvelles entreprises collectives qui substitueraient à la « culture du résultat une culture du processus, intégrant l'apprentissage et le droit à l'erreur, les tâtonnements et le libre partage des expériences, l'autonomie et l'inscription dans des territoires. Le texte s'articule autour d'une série de propositions concrètes :- Poser l'autogestion en principe : partage des responsabilités, polyvalence des acteurs, développement des savoirs et des savoir-faire.- Affronter la question de la taille de l'entreprise : maintien de la démocratie directe, essaimage de petites structures plutôt que croissance.- Inscrire l'expérience collective dans un territoire : mise en adéquation des besoins et de la production, mutualisation des moyens, maîtrise locale de l'espace et des ressources.- Refuser le schéma concurrentiel : vertus de la confiance et de la solidarité, primat de la coopération, développement de réseaux.- Sortir de la logique du profit : « être plutôt qu'« avoir , redistribution, dons et investissements créatifs contre l'accumulation.- Se réapproprier le temps et repenser le travail : le travail pour l'homme et non l'homme pour le travail, temps créatif plutôt que temps productif.- Fonctionner tel un écosystème : intégration de l'entreprise à son environnement, inventaire patient des bonnes technologies et des bonnes pratiques, rejet de l'obsolescence programmée.Un livre qui ouvre la voie d'une action concrète à tous ceux pour qui les notions de sens et de désir, d'autonomie et de partage doivent être un préalable à tout engagement social.